Certaines des toxines les plus puissantes connues de l’homme comme les palytoxines ou les maitotoxines sont issues du milieu marin et sont fréquemment produites par des espèces tropicales de dinoflagellés. Cependant, ces toxines se rencontrent également chez de nombreux autres organismes par accumulation le long des chaînes alimentaires ou en raison de relations symbiotiques, tels que dans des poissons, des crustacés décapodes et les zoanthides. C’est la raison pour laquelle les palytoxines sont parmi les rares composés marins qui peuvent poser un problème sanitaire pour l’homme, par ingestion (fruit de mer, poissons), par inhalation (aérosols et embruns) ou contact cutané (zoanthides et autres organismes présents dans nos bacs).
Ainsi, pour évaluer le risque d’une exposition pour les aquariophiles marins, Deeds et coll. ont analysé différents échantillons de zoanthides trouvés dans des animaleries pour déterminer leur concentration en palytoxine en chromatographie liquide et spectrométrie de masse. Comme la détermination visuelle d’une espèce de zoanthide est délicate, les auteurs ont également utilisé plusieurs marqueurs génétiques pour déterminer les relations de parenté des échantillons avec d’autres espèces connues.
Au cours de cette étude, il est montré que la plupart des zoanthides vendus dans le commerce ne contiennent pas ou peu de palytoxine. Cependant, une variété hautement toxique a été détecté. Quatre spécimens avec une apparence similaire à la colonie responsable de l’intoxication d’un aquariophile contenaient une forte concentration de toxines. L’analyse génétique montre que ces spécimens sont apparentés à l’espèce Palythoa heliodiscus. Ces résultats montrent qu’une des substances les plus toxiques jamais découverte est présente dans des proportions dangereuses dans certains zoanthides du commerce.
Beaucoup d’animaux venimeux ou toxiques sont fréquemment vendus dans les animaleries marines comme par exemple les rascasses (Scorpaenidae), les poissons ballons (Tetraodontidae), certains oursins (Astropyga spp.) et plus rarement l’octopus à anneau bleu (Hapalochlaena spp.). Cependant, des cas bien documentés d’intoxication par des zoanthides sont rares, laissant l’aquariophile souvent dans l’ignorance des poisons mortels auquel il s’expose. Nous encourageons donc tous les aquariophiles à prendre toutes les précautions nécessaires lorsqu’ils manipulent des zoanthides.
Toxicité des spécimens de Palythoa spp. et Zoanthus spp. collectés dans différents magasins. [Encadré rouge] Apparenté à Palythoa heliodiscus. Toxicité élevée. [Encadré vert] Apparenté à Palythoa mutuki et Palythoa tuberculosa. Toxicité faible ou non toxique. [Encadré bleu] Apparenté à Zoanthus sansibaricus et Zoanthus sociatus. Toxicité faible ou non toxique.
cette toxicité est elle due à l’ingestion et ou =à linhalation de vapeur lors de l’ébullition de ce corail , y a t’il une toxicité de contact?
Merci
Bonsoir à tous,
l’inhalation des palytoxines est tout aussi dangereuse qu’une intoxication par voie trans cutanée. Il semble ici que l’éradication de la colonie toxique à l’aide d’eau bouillante ait considérablement augmenté les risques d’intoxication par des aérosols. Il a d’ailleurs été signalé récemment en Italie plusieurs cas d’intoxication à la palytoxine de baigneurs restés sur la plage : la journée était particulièrement ventée et même les simples adeptes du bain de soleil n’ont pas été épargnés. Des doses élevées de palytoxine arrivaient directement dans leur tissus pulmonaire, transportées par les embruns marins. C’est donc la corrélation d’un bloom de dinoflagellés et d’une activité météorologique exceptionnelle qui est à l’origine de ces intoxications. Dans le cas de nos aquariums, le risque majeur repose évidemment sur la transmission trans cutanée. Il faut toujours être vigilant, pas seulement avec les palythoas mais également avec les zoanthus car plusieurs études montrent que la quantité de palytoxine peut varier en fonction des espèces certes, mais également en fonction des conditions environnementales et du cycle biologique. En effet, lors de reproduction sexuée, les zoanthides accumulent de la palytoxine dans leurs ovocytes, ce qui protège les oeufs de la prédation directe lorsqu’ils sont libérés. On ne peut donc jamais être garanti de la non toxicité d’une colonie.
En conclusion : gants en PVC sans talc (nitril) et lunette de protection sont les réflexes de base lorsque l’on manipule un zoanthide.